Sollicité par l'ambassadeur de Turquie pour co-signer la saisine du Conseil constitutionnel, Michel Berson lui a adressé la réponse suivante :
"S’il relève bien de la mission d’un ambassadeur de tenir informé son gouvernement des différents aspects de la vie politique du pays dans lequel il a été nommé, j’ai, pour le moins, été surpris de votre intervention directe auprès d’un Sénateur de la République française, suite au vote que j’ai exprimé lors de l’examen du projet de loi visant à réprimer la contestation des génocides reconnus par la loi.
Conformément à la ligne de conduite que je me suis fixée, je me suis opposé à l’adoption de ce texte en conscience, indépendamment de toutes pressions, directes ou indirectes, de toutes interventions, y compris extérieures, et de toutes considérations, quelles qu’elles soient, sans pour autant sous-estimer les exigences des enjeux internationaux.
Les principes qui ont fondé mon vote relèvent d’abord de la conception que je me fais du rôle du « législateur », qui n’a pas, à mon sens, à écrire l’Histoire, ni à la figer dans une version officielle dont la sauvegarde ne dépendrait que des sanctions pénales qu’il serait par ailleurs obligé d’imposer pour en interdire la contestation. Ils sont ceux aussi de la tradition française des Lumières et des Droits de l’Homme. Vous comprendrez en conséquence l’attachement que je porte à la liberté d’expression, première des libertés politiques, sans laquelle il n’est pas de réelle démocratie.
En réponse à vos interrogations, il m’a donc paru important de vous préciser les raisons de mon vote, persuadé que ce sont ces mêmes principes qui ont inspiré le sens de votre intervention auprès de moi et qui fondent l’évolution de la réflexion de votre pays sur la douloureuse question de l’Arménie."
Commentaires