Cette semaine est décidément une semaine importante pour la droite française. Après la recomposition, je dois évoquer aujourd'hui la clarification. Hier soir, en effet, devant le club dit des Réformateurs qui constitue la branche la plus ultra-libérale de l'UMP, le Premier Ministre s'est livré à une conversion totale aux thèses les plus avancées de l'ultra-libéralisme. Le gaullisme social auquel il se référait dans ses jeunes années séguinistes est définitivement oublié.
Les termes du débat de la réforme de l'Etat ont été posés hier soir par François Fillon. Ils sont clairs : la Réforme de l'Etat, c'est moins d'Etat sur le territoire. C'est un point de départ que je conteste et qui fixe une nouvelle ligne de clivage entre la gauche et la droite. Car, il n'y a pas d'un côté une sphère publique inefficace, lourde et inutile ; de l'autre, une sphère privée idéale mais cassée dans son formidable élan par un Etat trop lourd. Je conteste cette vision qui, en plus d'être dangereuse socialement et inefficace économiquement.
Les errements récents du capitalisme français (UIMM, EADS, Lagardère,...) illustrent bien que les failles de notre croissance sont à chercher aussi dans l'organisation de notre système productif et son incapacité à distribuer les richesses de manière juste et dynamique.
La réforme de l'Etat, pour la gauche et les forces de progrès, passe avant tout par la remise à plat des priorités de l'action publique, par une rédéfinition du rôle de chacun (Etat, Sécurité Sociale, collectivités locales) pour produire une action publique plus efficace.
Nous avons besoin d'un Etat stratège, de collectivités stratèges. Poser comme préalable à leur redynamisation un rétrecissement de leur surface est un non-sens. Une telle posture est condamnée à échouer.