Retrouvez ma tribune parue dans Les Echos d'hier.
Le discours du Président de la République sur le Grand Paris, le 29 avril dernier, en a étonné plus d’un. Rompant avec l’attitude querelleuse des mois précédents, il s’est dit enfin ouvert au dialogue avec les élus franciliens.
Au-delà de ce changement de ton appréciable, plusieurs questions importantes restent en suspens et doivent être débattues de façon ouverte et transparente : en un mot, démocratique.
Le syndicat Paris-Métropole, fruit d’un accord intelligent entre Bertrand Delanoë et Jean-Paul Huchon, entre collectivités de la petite et de la grande couronne, entre gauche et droite, et qui sera officiellement installé le 10 juin prochain, est le lieu pertinent pour répondre à ces questions.
Cela concerne d’abord la carte des projets métropolitains et le tracé de la double rocade de métro automatique proposés par Christian Blanc. S’il s’agit d’une approche ambitieuse, certaines absences restent inexplicables. Ainsi, en grande couronne, la place dévolue à la Seine-et-Marne et au Val d’Oise n’est pas à la hauteur de leur contribution importante au développement de la métropole. Pour l’Essonne, qui a été mieux traitée en tant que terre d’excellence scientifique et d’innovation technologique de la Métropole, subsiste un manque flagrant : l’agglomération d’Évry n’est pas reliée à Orly et à la Rocade alors qu’elle est -avec le Génopole- l’un des pôles de la Vallée des Biotech-santé Évry-Villejuif-Paris.
Le financement du Grand Paris est un autre sujet de débat, c’est même le sujet capital. Certes, une mission a été confiée à Gilles Carrez. Mais nous restons dans le plus grand flou quant aux 35 milliards d’euros annoncés et qui ne concernent d’ailleurs que les transports publics et non les autres priorités du Grand Paris comme le logement social, l’enseignement supérieur et la recherche, les pôles de compétitivité, ou encore le développement durable et solidaire.
Or, ce n’est pas parce que nous refusons tout chèque en blanc au Président de la République que celui-ci doit nous payer avec un chèque en bois. Le Gouvernement doit donc, sans attendre, engager une discussion sérieuse avec les élus franciliens. Là encore, Paris-Métropole est le lieu pertinent, notamment grâce aux travaux menés antérieurement au sein de la Conférence métropolitaine à propos de l’indispensable solidarité financière et fiscale entre les territoires. Celle-ci ne doit d’ailleurs pas se réduire à de la péréquation et de la mutualisation mais viser également la création de ressources nouvelles pour financer les grands projets métropolitains.
En abandonnant la proposition du Comité Balladur d’un "petit Grand Paris" limité à la petite couronne, Nicolas Sarkozy a fait un pas dans la bonne direction quant à l’avenir de la métropole francilienne. Il doit désormais franchir complètement le gué et accepter que la concertation puisse avoir lieu au sein de Paris-Métropole qui s’impose comme un lieu de délibération démocratique entre les collectivités franciliennes et donc entre les Franciliens.
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