Le mouvement initié par les Enfants de Don Quichotte a permis de mettre l’accent sur la situation très préoccupante de notre pays en matière de logement. Le retour des références à l’hiver 54 n’est pas anodin. Notre pays traverse en effet la plus grave crise du logement de son histoire récente.
Le risque est grand que la thématique du logement soit malheureusement aussi éphémère que celle des quartiers populaires, activée en novembre 2005 avec les émeutes urbaines. Le logement s’intègre à une série de difficultés auxquelles font face nos concitoyens et qui minent totalement notre pacte républicain. La lutte contre la ségrégation sociale et territoriale est le grand chantier politique des années à venir. Il exige une redéfinition des politiques publiques en matière de logement, d’aménagement, d’emploi, d’éducation. Ce grand chantier requiert une volonté et une mobilisation autrement plus consistantes que les réactions vite trouvées à des phénomènes médiatiques éphémères.
Le département de l’Essonne, département marqué par le contraste entre des pôles d’excellence et des difficultés sociales, est malheureusement touché par ces difficultés : notre département compte 460 000 logements et 26 000 demandes de logement demeurent insatisfaites. Le Conseil général prend en charge des situations inextricables de personnes en très grande difficulté sociale pour lesquelles nous organisons l’hébergement d’urgence. Nous déployons une stratégie nouvelle pour l’habitat sur le territoire. Mais, notre action sera limitée tant qu’une nouvelle donne ne sera pas en place : construction massive de logements sociaux, respect de l’article 55 de la loi SRU (mixité sociale), nouvelles stratégies d’aménagement, redéfinition des modes d’attribution de logements sociaux, mise en place d’un bouclier logement.
Les prix de l’immobilier atteignent des niveaux préoccupants. Ils contraignent les ménages à s’endetter lourdement et pour longtemps, ils sont un frein à l’autonomie des jeunes. Au développement anarchique laissé aux seuls intervenants privés qui trouvent leur intérêt dans l’existence d’une pénurie, qui créent l'étalement urbain, nous devons opposer un volontarisme public qui fasse du droit au logement un pilier du contrat social. Que penser d’une République qui ne sait pas loger ses enfants ? Que répondre à des jeunes qui travaillent mais qui ne réussissent pas à se loger ? C’est une évidence, la crise du logement trouvera sa solution dans la mise en place d’une politique d’ensemble, une grande ambition pour la France et les Français